Mise au point sur les intoxications au baclofène et son syndrome de sevrage
DOI :
https://doi.org/10.37051/mir-00073Mots-clés :
Baclofène, intoxication, sevrage, revueRésumé
Le baclofène, initialement utilisé comme traitement antispastique, est depuis plusieurs années prescrit chez les patients alcoolodépendants pour favoriser le sevrage alcoolique. La France présente la spécificité d’avoir autorisé la mise sur le marché du baclofène dans cette indication depuis 2018. Les patients alcoolodépendants présentent un risque accru de tentative de suicide, notamment par intoxication volontaire. L’incidence des intoxications volontaires au baclofène s’est majoré sur la dernière décennie. Comparativement aux autres intoxications, celle-ci présente un recours fréquent à la ventilation mécanique (50% des cas) et une léthalité significative (plus de 2% des cas). Le toxidrome de l’intoxication aiguë au baclofène se résume principalement à une dépression du système nerveux central, pouvant aller de la sédation jusqu’au coma, et nécessitant une surveillance continue pour des doses suspectées ingérées supérieures à 200 mg. Le dosage plasmatique du baclofène permet de confirmer le diagnostic et de suivre l’évolution de l’élimination de la molécule. La principale voie d’élimination est rénale, motivant une surveillance accrue de la fonction rénale dans ce contexte. L’épuration extrarénale pourra se discuter dans les intoxications les plus sévères associées à une insuffisance rénale aiguë. Le reste de la prise en charge reste symptomatique, sans antidote existant. Le syndrome de sevrage au baclofène se rencontre lors d’un arrêt brutal du traitement, et peut être composé des symptômes suivants : spasticité, hyperthermie, agitation, rhabdomyolyse. Il peut compliquer l’hospitalisation de patients traités au long cours admis pour une intoxication aiguë. Son traitement nécessite une réintroduction précautionneuse du baclofène.