Arrêt cardiaque : le clap de fin pour l’adrénaline?
DOI :
https://doi.org/10.37051/mir-00102Mots-clés :
Arrêt cardiaque extrahospitalier, Arrêt cardiaque, AdrénalineRésumé
Découverte il y a plus d’un siècle, l’adrénaline a été utilisé dans la réanimation cardio-pulmonaire avant l’ère de la médecine basée sur les preuves, sur la base d’expérimentations animales et de cas cliniques. En raison de doute sur sa toxicité notamment neurologique, les résultats des essais randomisés étaient très attendus. Ils sont décevants puisque si l’adrénaline permet d’augmenter la survie, elle n’améliore pas significativement la survie sans séquelle neurologique majeure. Cependant, ces deux études prospectives ne donnent pas d’argument pour une toxicité neurologique de l’adrénaline. Dans les deux cas, il y avait une tendance non significative en faveur de l’adrénaline. Utiliser pour une étude prospective le pronostic neurologique comme critère de jugement principal nécessite l’inclusion d’un nombre considérable de patients. Les études rétrospectives sont entachées de nombreux biais dont certains sont propres à l’arrêt cardiaque. Faire repartir le cœur ne suffit pas et ne permet pas de réparer les dommages déjà subis: améliorer significativement le pronostic neurologique de l’arrêt cardiaque implique surtout de travailler sur des étapes précédant l’administration de l’adrénaline : reconnaissance précoce de l’arrêt cardiaque, initiation du massage cardiaque externe par les témoins, défibrillation précoce. Sur une population avec un meilleur pronostic au moment de l’injection, il sera plus aisé de réaliser des études pour préciser indications, doses et rythme optimum d’administration de l’adrénaline. Compte-tenu des données et même si le niveau de preuve peut paraître faible, il ne parait pas possible de recommander de ne pas utiliser l’adrénaline dans l’arrêt cardiaque extrahospitalier.