L’acidocétose alcoolique : une entité sous diagnostiquée
DOI :
https://doi.org/10.37051/mir-00060Mots-clés :
acidocétose alcoolique, hyperlactatémie, dépendance à l’alcool, troubles hydro-électrolytiquesRésumé
L'acidocétose alcoolique (ACA) est une cause fréquente et sous diagnostiquée d'acidose métabolique chez les patients avec un trouble lié à l’alcool. Elle constitue une cause d’hyperlactatémie non hypoxique et son identification est particulièrement intéressante afin de ne pas multiplier les examens chez des patients susceptibles d'être très rapidement améliorés par une prise en charge simple. Cliniquement, ces patients ont des signes digestifs à type de nausées, vomissements et douleurs abdominales fréquemment à l’origine d’une interruption de l’intoxication éthylique quelques jours avant la date du recours aux soins. Biologiquement, il y a une acidose métabolique avec un trou anionique élevé associée à des troubles hydro-électrolytiques et à une hyperlactatémie modérée. La physiopathologie de cette acidose est mixte et fait intervenir une accumulation de corps cétoniques, de lactate et d’acétate. Ce diagnostic étant peu connu, il est souvent retardé ou manqué alors que son identification est essentielle pour ne pas le confondre avec une acidocétose diabétique. En effet, le traitement par insuline est à risque majeur d’hypoglycémie, parfois fatale, chez ces patients dénutris. La prise en charge consiste en une vitaminothérapie et la correction des troubles hydro-électrolytiques. L’évolution est favorable et l’acidose se corrige en quelques heures après cette prise en charge. Le risque est la récurrence des épisodes en cas de poursuite de la consommation d’alcool.
Le but de cette mise au point est de décrire le tableau clinique, biologique et la physiopathologie pour que cette entité soit mieux reconnue et sa prise en charge plus rapidement mise en œuvre.