Le dépistage des porteurs de bactéries multirésistantes : chez quels patients ?*
DOI :
https://doi.org/10.1007/s13546-014-0940-7Résumé
Le dépistage des bactéries multirésistantes (BMR) en réanimation fait l’objet de controverses persistantes, ravivées par l’arrivée de nouvelles menaces. Les recommandations disponibles sont discordantes. L’attitude vis-à-vis des BMR endémiques, en pratique le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) et les entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre élargi (EBLSE), est de privilégier les précautions standard, de manière adaptée à l’épidémiologie de chacune des BMR concernées : hygiène des mains et décolonisation éventuelles des porteurs pour SARM, et attention particulière à la gestion des excréta pour EBLSE. Le dépistage (associé à l’isolement) des porteurs de ces BMR n’apporte pas de bénéfice par rapport à une bonne application des précautions standard. Le dépistage est en revanche justifié pour la maîtrise de la transmission croisée des BMR hautement résistantes émergentes (BHRe), c’est-à-dire en France les entérobactéries productrices de carbapénémases et les entérocoques résistants aux glycopeptides ainsi qu’en situation endémo-épidémique ou épidémique pour les autres BMR, notamment des EBLSE autres qu’E. coli. En réanimation, les Acinetobacter résistant aux carbapénèmes doivent être pris en charge de la même manière que les BHRe. Le volet complémentaire indispensable à la maîtrise de la diffusion hospitalière des BMR, notamment pour les bacilles à gram négatif, est l’usage prudent et raisonné des antibiotiques.