Décubitus ventral et kinésithérapie respiratoire : y a-t-il une indication ? Description d’un cas clinique
DOI :
https://doi.org/10.3166/rea-2019-0107Résumé
Contexte : Le décubitus ventral (DV) est appliqué dans un objectif de recrutement alvéolaire, dans le cadre de syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Le DV mobilise parfois des sécrétions bronchiques, interrogeant l’intérêt d’une kinésithérapie de désencombrement.
Matériel et méthode : Une femme de 43 ans, myopathe de Steinert, est hospitalisée pour une insuffisance hépatique aiguë. À j3, elle présente une pneumopathie d’inhalation, suivie d’un SDRA. Le positionnement en DV est réalisé, mobilisant des sécrétions bronchiques. Une séance de kinésithérapie respiratoire est alors appliquée.
Résultats : Après la mise en DVet la séance de kinésithérapie, la quantité de sécrétions recueillies est de 2,4 g. Le rapport entre la pression partielle en oxygène et la fraction inspirée en oxygène (PaO2/FiO2) s’améliore, passant de 64 à 180 au bout de 11 heures de DV. La pression motrice et la pression de plateau sont restées inférieures aux valeurs délétères au cours de la séance de kinésithérapie, celle-ci n’ayant pas généré d’hypoxie pendant ou après la séance.
Discussion : Le positionnement en DV libère les parties postérieures des poumons, permettant une amélioration du rapport PaO2/FiO2. La clairance mucociliaire a été améliorée, mais il n’est pas possible de discriminer les effets du DVou de la kinésithérapie. Dans la littérature, la kinésithérapie respiratoire n’a pas montré son efficacité pour ces patients, même si aucun effet délétère n’a été observé à travers ce cas clinique. Les risques de dé-recrutement alvéolaire restent importants.
Conclusion : Il est difficile de recommander en pratique courante la kinésithérapie respiratoire de désencombrement en DV. Des études ultérieures sont nécessaires, dans un objectif de recherche centré plutôt sur le recrutement alvéolaire que sur le désencombrement, chez ces patients fragiles.