Devant un état de choc : pourquoi je fais un monitoring cardiovasculaire
DOI :
https://doi.org/10.1007/s13546-015-1041-yRésumé
Dans le débat entre utilité et futilité, innocuité et « invasivité », fiabilité et invalidité des techniques de monitoring cardiovasculaire, plusieurs arguments plaident pour leur utilisation chez les patients les plus graves. Tout d’abord, des évidences physiologiques et plusieurs études cliniques indiquent que nombre de variables hémodynamiques cardinales (débit cardiaque, précharge cardiaque, fonction cardiaque systolique ou eau pulmonaire) ne sont pas correctement estimées par l’évaluation clinique, biologique et radiologique de base, alors qu’elles le sont par des outils de monitoring. Ensuite, le taux de complications liées à ces techniques est faible s’il est mis en balance avec la gravité des patients chez lesquels elles sont utilisées. Par ailleurs, le manque de fiabilité de quelques techniques ne peut être raisonnablement avancé pour discréditer des techniques à la fiabilité établie. Aussi, l’argument selon lequel le monitoring cardiovasculaire des patients en état de choc serait futile parce qu’aucun étude n’a montré qu’il améliorait leur pronostic vital doit être battu en brèche. En effet, les outils de monitoring ont le plus souvent été évalués sans qu’aucun protocole décisionnel n’y soit attaché. Nombre d’autres outils de monitoring sont utilisés chez les patients en état de choc sans qu’on exige la preuve de leur avantage en termes de pronostic vital. Enfin, l’argument selon lequel la mesure et l’interprétation de certaines variables recueillies par le monitoring cardiovasculaire sont complexes ne saurait justifier qu’on ne les utilise pas, tant la prise en charge de ce type de patients requiert d’autres compétences expertes.