Précarité et réanimation : épidémiologie et pronostic
DOI :
https://doi.org/10.1007/s13546-015-1080-4Mots-clés :
Monitoring cardiovasculaire, Débit cardiaque, Thermodilution, États de chocRésumé
Au cours des trente dernières années, les inégalités d’accès aux soins se sont renforcées. La précarité est associée à une réduction de l’accès aux soins primaires, une augmentation des consultations en urgence, des pathologies plus graves et une espérance de vie plus courte. Elle pourrait donc influencer l’épidémiologie et le pronostic des patients admis en réanimation. Les données de la littérature, majoritairement issues d’études rétrospectives, suggèrent que la précarité augmente le risque d’admission en réanimation. Les patients sans couverture sociale, sans domicile fixe (SDF) ou issus d’un milieu défavorisé sont plus jeunes et sont hospitalisés pour des motifs divers, plus souvent médicaux ou chirurgicaux urgents qu’après une chirurgie programmée. Aux États-Unis, l’absence de couverture sociale est associée à une réduction de l’intensité des soins et à une augmentation de la mortalité. En revanche, la plupart des études européennes montrent que les patients bénéficient du même niveau de soins, quel que soit leur niveau socio-économique, mais que les patients en situation de précarité ont des durées de séjour plus longues. La mortalité hospitalière ne semble pas influencée par le niveau socio-économique. Cependant, au sein des patients SDF, ceux vivant dans la rue ont une mortalité hospitalière plus élevée que ceux ayant un hébergement. La précarité étant une notion économique et sociale complexe, une étude prospective semble nécessaire pour confirmer ces résultats et déterminer si certaines de ses caractéristiques sont associées au pronostic. Enfin, l’isolement social soulève des questions éthiques à l’heure où l’accent est mis sur les directives anticipées et la personne de confiance.