Gradients de PCO2 : un reflet fiable de la perfusion macroet microcirculatoire
DOI :
https://doi.org/10.1007/s13546-011-0222-6Résumé
L’augmentation des gradients veinoartériel et tissuartériel en CO2 (Pv-aCO2 et Pt-aCO2) est un phénomène régulièrement retrouvé dans des travaux expérimentaux ou des études cliniques sur les défaillances circulatoires. Les valeurs de ces deux gradients dépendent essentiellement de la perfusion tissulaire. Au cours des états de choc, une production de CO2 « anaérobie » survient par tamponnement des ions H+ produit en excès, mais cette production ne contrebalance pas la diminution simultanée de la production du CO2 « aérobie ». L’augmentation du CO2 tissulaire et veineux ne s’explique donc pas par une augmentation de la production de CO2 mais par une diminution de la perfusion avec accumulation du CO2 dans les tissus et le réseau veineux. Dans les états de choc septique, la physiopathologie peut associer un débit cardiaque élevé et une hétérogénéité des perfusions tissulaires par altération de la microcirculation. Dans cette situation, un gradient de Pv-aCO2 < 6 mmHg (en complément d’une saturation veineuse en oxygène [SvO2] > 70 %) témoigne d’une hémodynamique centrale restaurée et constitue un objectif thérapeutique, mais la persistance d’un gradient de Pt-aCO2 élevé reflète une anomalie de la microcirculation avec hypoperfusion tissulaire résiduelle. L’ensemble de ces points est très largement illustré dans la littérature par de nombreux travaux expérimentaux ou cliniques confirmant que les gradients de PCO2 reflètent l’état de la perfusion macro- et microcirculatoire au cours des états de choc. Leur facilité d’acquisition à partir de prélèvements sanguins usuels et/ou à l’aide d’appareils de monitorage de moins en moins invasifs devrait promouvoir leur popularisation et leur utilisation dans la pratique clinique quotidienne.